Sous la pleine lune, au bord de l’eau, j’attendais qu’enfin un zombi apparaisse. Je voulais m’entraîner au combat en cette belle nuit et aussi obtenir quelques objets de valeur que ces ennemis jettent en mourant. En attendant des annemis qui ne venaient pas, je pêchais au bord du lac. En trois heures de longue patience, je ne pus obtenir qu’un poisson. J’eus la visite de six araignées, un monstre explosif mais seulement un zombi que je parvins à tuer assez facilement. Un squelette me posa beaucoup de problèmes, passant proche me tuer. Il se cachait derrière un arbre et me tirait des flèches. Lorsque je le vis enfin, j’étais déjà presque mort. Je tentai de lui foncer dessus, parvins à lui donner un coup, mais il fallut plus de cinq coups pour enfin en venir à bout.
Décidément, aucun zombi ne m’offrirait les patates et les carottes dont j’avais grand besoin. Il ne restait plus qu’une solution: partir en expédition pour dénicher un village. Le grand KeBaTeK a tenté plusieurs fois en vain d’en trouver un, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’essayer moi aussi. Je pourrais en chemin trouver un désert dont j’aurais grand besoin pour obtenir beaucoup de sable, pour en faire de la vitre.
Cette expédition ne sera pas facile. Elle me rappellera cruellement mes premiers jours dans la montagne où j’ai repris conscience, sans savoir d’où je venais et qui j’étais. Je me souvenais des difficiles instants de survie, pendant lesquels j’osais à peine m’aventurer pour couper du bois. La nuit, je devais me cacher pour éviter la visite des monstres, car je n’avais ni arme ni armure. Je me plaçais des balises pour me repérer et retrouver mon camp de base.
Un jour, KeBaTeK m’a contacté et m’a transmis les coordonnées de son camp de base, dans la jungle. J’ai suivi ses indications et l’ai rejoint. Nous avons là accumulé quelques ressources: des pierres, des métaux et de la nourriture. C’est là que j’ai construit mes premiers outils et creusé mes premières cavernes. Puis nous avons trouvé la nouvelle base, plus grande.
Un jour, tandis qu’il pleuvait, j’ai creusé dans la montagne et déniché un coffre dans lequel il y avait un vieux livre. Il traitait d’un art élaboré par un ancien peuple déchu, les D’ni. Selon cet art, il était possible de voyager entre les mondes en utilisant des livres magiques. Selon cet art, un livre de liaison permet de rallier un point précis dans une autre dimension tandis qu’un livre descriptif représente un point d’entrée vers un nouveau monde, appelé un âge. Les livres descriptifs sont difficiles à créer et très précieux. Si un tel livre est détruit, l’âge auquel il se réfère est en péril et peut être déstabilisé.
La création de livres descriptifs demande la connaissance de la langue D’ni et une compréhension approfondie des symboles et de leur interaction. Cet apprentissage est impossible sans un maître D’ni… qui n’existe même plus. Il faut donc dénicher des pages déjà écrites et en recopier leurs symboles. Le livre D’ni indique qu’il faut disposer ces pages dans un ordre précis et précéder ces pages d’un panneau de liaison. Les pages sont difficiles à avoir: il faut les acheter auprès d’un villageois spécialisé dans leur commerce ou encore les obtenir dans un âge instable créé avec un simple panneau de liaison et une page blanche.
Par contre, l’art D’ni peut être utile sans les livres descriptifs et les pages, à condition d’avoir accès à une autre dimension. Il permet en effet de voyager rapidement d’un point vers un autre. Justement, je pouvais ouvrir un portail vers une autre dimension, celle des enfers. Il suffisait de construire un avant-poste sécurisé là-bas; ce serait un nexus, une salle remplie de livres de liaison.Il suffisait de créer quelques livres dans le nexus pour pouvoir, du monde normal, revenir là-bas. Puis pendant mon voyage, j’amènerais un livre de liaison vers le nexus et un livre vierge que je transformerais en livre de liaison rendu à un point où je veux pouvoir revenir.
Mais pour arriver à faire tout ça, je devais me créer des livres de liaison. Le premier ingrédient nécessaire à leur obtention, c’est de l’encre. J’ai tenté d’en obtenir en tuant des créatures noires qui naissent dans l’eau, mais je n’ai jamais aperçu de telles créatures. J’ai tenté d’en piéger dans un bassin, en vain. Mais un livre d’alchmie que j’avais déniché quelque part m’a enseigné comment créer une pierre magique semblable à la célèbre pierre philosphale. Grâce à cette pierre, je pouvais transformer des pétales de fleur orange en sacs d’encre.
Lorsque j’eus plusieurs sacs d’encre, je les plaçai dans un bassin d’eau et les laisser tremper une nuit. Le liquide noir qui résulta du processus n’étais malheureusement pas assez visqueux. Je dus le faire bouillir en utilisant du charbon pour obtenir une encre qui pouvait couler sur le papier et y adhérer. Ainsi, il me fallut plusieurs jours simplement pour obtenir l’encre nécessaire à la fabrication de ces livres.
Le livre D’ni indiquait le motif précis à imprimer sur le papier pour transformer une feuille en panneau de liaison. Je passai des jours et des jours à tenter de transcrire fidàlement les symboles, puis je passai un temps fou à m’essayer à travailler le cuir dans le but de créer des reliures. Lorsque je maîtrisai suffisament le travail du cuir pour obtenir des couvertures grossières, je commençai à créer des livres. Le livre fraîchement relié ne sert à rien. Il faut l’ouvrir pour qu’il mémorise la position et la dimension courantes. Ensuite, on peut retourner à ce point depuis n’importe quelle autre dimension. Il va de soit que la création de livres de liaison est un savoir essentiel pour pouvoir revenir de toute expédition dans un âge atteint par un livre descriptif.
Lorsque j’eus mon premier livre, fier de moi, je l’ai ouvert pour qu’il mémorise ma position, puis j’ai traversé le portail vers l’enfer. Là, j’ai tenté d’ouvrir le livre puis de toucher le panneau de liaison. Malheureusement, rien ne se produisit. Le panneau de liaison ne fonctionna jamais. Je n’étais pas parvenu à transcrire les symboles de façon suffisamment fidèle. Il me fallut effectuer soixante autres essais avant d’obtenir UN seul livre fonctionnel!
Bon, je peux réussir, me suis-je dit, à transcrire ces symboles. Il faudrait donc que je le refasse une autre fois, mais cette fois sur une pierre que je pourrais utiliser comme matrice. En enduisant cette matrice d’encre et en l’appliquant sur une feuille vierge, j’espérais pouvoir obtenir des panneaux de liaison par pressage.
Je passai donc des jours et des jours à transcrire les symboles sur une pierre. Lorsque je crus que c’était suffisamment bien fait, y passant près de trente pierres et choisissant la meilleure, je commençai à graver les symboles avec un pioche en fer. La pioche cassa, puis la pierre en fit de même. Je dus recommencer avec une autre pierre et me construire une cisaille permettant de sculpter la roche plus efficacement.
Lorsque je crus enfin que c’était correct, je posai cette pierre sur ma tble de briques, fis fondre du fer et le coulai sur la pierre. Il en résulta un moule inversé que j’enduisis d’encre et pressai contre une feuille de papier. Je testai ensuite mon nouveau panneau, qui ne fonctionna JAAIS! Je dus donc tout recommencer le processus, cela prit des semaines, mais un moment donné, j’avais un panneau de liaison, puis deux, puis trois, puis quatre! J’ai utilisé ce nouveau savoir pour établir un lien plus direct entre l’ancienne base de la jungle et la nouvelle. Avant cela, je devais traverser l’enfer sur plusieurs kilomètres pour pouvoir me rendre d’une base à l’autre.
Durant ces longues semaines de frustration, j’ai tué tellement de zombis que je ne saurais les compter. Aucun, je dis bien aucun, ne m’a donné de patates ou de carottes! Mais là au moins, je peux créer des livres de liaison. Je partirai bientôt pour mon expédition. Il y a un gigantesque arbre que j’ai aperçu au loin; ce sera mon premier objectif. Je vais l’atteindre, y creuser un avant-poste et établir une jonction vers la base en utilisant les livres de liaison.