L’eau, omniprésente source de vie. Elle est partout dans notre monde. Les océans en sont remplie, elle coule dans les rivières et on ne pourrait parler de lacs sans elle. Elle a sa place à ces endroits, pas sur le sol de ma base. Elle empêche de placer des torches pour l’éclairage et bon nombre de machines refusent de fonctionner sous l’eau. J’ai passé des heures à retirer l’eau là où il ne devait pas y en avoir, gaspillé plein d’énergie à essayer et fini par me rendre compte que je devais non pas combattre seulement l’eau mais aussi la tentation de céder et la laisser envahir toute ma base, tout mon esprit. À quoi bon résister, aussi bien nager et me laisser porter par le courant.
Tandis que je tente tant bien que mal de traiter avec l’eau, un ennemi plus cruel encore rôde: la lave. Source de chaleur, lumière et d’énergie, c’est aussi un cruel meurtrier. Une chute dans la lave te vaut un voyage vers l’au-delà! Je peux certes pomper la lave et la stocker dans des cellules d’étain, et utiliser ces cellules pour en extraire de l’énergie, mais il restera toujours de la lave quelque part pour me plonger dans la peur d’y tomber.
J’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie avec l’eau, mais en fait, le vrai ennemi était la lave et la peur d’y tomber. Mais l’eau aussi, si on la laisse couler, peut envahir le monde et l’esprit, tout engloutir et mener à la passivité: nager, se laisser porter, plus rien faire d’autre. Tandis que je résistais à l’envie de céder à l’eau et à ses attraits, la peur de la lave grandissait dans mon inconscient, prenant de plus en plus d’espace. J’en vins à un point qu’elle était si grande que je ne pouvais plus vaincre. Mon esprit était complètement submergé par la tentation de l’eau et la peur de la lave.
Pour défaire ce blocage, j’ai dû céder, j’ai dû accepter que je voulais cesser de me casser la tête et que j’aimerais bien me laisser porter par les flots plus souvent, que je me sentais bien, heureux en le faisant, mais que toujours faire ainsi m’empêcherait de construire de nouvelles machines, de ramasser de quoi subsister et surtout, d’apprendre et de grandir. Libéré partiellement, mon esprit trouva alors la solution: retourner l’eau contre mon vrai ennemi la lave.
Le jour où l’eau que je laissai me porter entra en contact avec la lave, quelque chose d’inédit se produisit. D’abord, les deux forces opposées s’annulèrent et les deux esprits élémentaux se détruisirent mutuellement. Mais ils laissèrent derrière eux un bloc noir très solide: de l’obsidienne. Grâce à ce matériau, je pourrais construire un rempart capable de me protéger aussi bien contre l’eau et la lave mais aussi contre d’autres menaces, comme ces monstres explosifs qui reviennent toujours et toujours me hanter.
Mais faudra-t-il, à chaque fois que j’ai besoin d’un bloc d’obsidienne, me laisser porter par l’eau et risquer d’y laisser toute envie de faire autre chose? Peut-être pas, peut-être puis-je construire une machine capable de collecter l’eau de l’atmosphère, la canaliser dans une autre machine qui recevrait aussi de la lave. Les deux entitiés se détruiraient dans la machine et créeraient l’obsidienne. Oui, c’est cela que je ferai, et je pourrai enfin consacrer mon énergie à d’autres choses plus utiles que ces combats à refaire sans cesse!