L’hypothèse la plus probable est que j’aurais attrapé cette verrue plantaire à la piscine. Elle est restée là quelques temps, car je pensais que c’était un bouton qui partirait un moment donné. C’est un dermatologue, que je suis allé voir pour d’inexplicables taches sur ma peau décelée par mon médecin, qui a confirmé mes débuts de supposition.
Le traitement qu’il m’a proposé, Soluver, n’eut que peu d’effet, outre amocher mon dessous de pied et finir par me faire saigner. On essaya avec du Compound W, l’ancienne blonde de mon frère recommanda du vinaigre d’ail qui n’eut que peu d’effet, je finis même par aller la faire traiter à répétition à l’azote liquide à la clinique Joliette près de chez moi. En vain!Elle semblait rétrécir, mais il en restait toujours. Il finit par y en avoir deux puis trois. Les bébés verrues furent détruites par l’azote liquide, mais pas la maman verrue. Un bébé verrue se forma même sur mon doigt un moment donné, mais lui aussi fut tué à l’azote liquide.
Un deuxième dermatologue, qui exerçait à Montréal au lieu de Chambly, regarda ça et me recommanda du Soluver aussi. Mon médecin recommandait de la faire traiter à l’azote liquide par un dermatologue. Bref, c’était parti pour ne jamais finir.
Ce que j’ai fait pour en venir à bout est à la fois créatif et risqué. C’est une combinaison de raisonnement logique et de plusieurs idées de traitement. Au cas où ça pourrait servir, je me suis dit que ça vaudrait la peine de consigner tout ceci ici. Je ne prétends pas du tout que c’est une recette miracle qui va toujours fonctionner, mais dans mon cas, ça m’a aidé.
- D’abord, chaque jour, rigoureusement, j’appliquai du Soluver. En raison de ma déficience visuelle, l’opération était un peu plus hasardeuse que pour le commun des mortels. Je ne pouvais pas être certain d’en avoir mis UNIQUEMENT sur la verrue; il en tombait TOUJOURS un peu à côté. J’ai remarqué que le liquide avait tendance à couler si bien qu’avant de l’appliquer, je collais un peu de duct tape en-dessous de la verrue. Comme ça, le liquide coulait sur le duct tape, limitant la propagation.
- Je me suis tanné d’acheter des pansements pour ça et j’ai fini par mettre du duct tape là-dessus! Je sais, c’est grossier, certains médecins seraient offusqués mais bon, c’est ça que j’ai fini par faire! Le duct tape, ai-je remarqué, avait l’avantage de contenir le Soluver exactement là où je l’avais mis; il ne pouvait pas se propager trop.
- Après quelques jours de traitement, il fallait normalement gratter avec une lime. J’ai essayé plusieurs fois et peu de peau partait. J’ai fini par y aller avec mes ongles, me mettant à risque d’avoir des verrues PARTOUT! Bien entendu, je me lavais les mains après chaque traitement. Parfois, quand pas assez de bouts de peau partaient, j’y allais avec le bout pointu de la lime.
- Parfois, j’y suis allé trop dur avec les ongles ou avec la lime de sorte que ça s’est mis à saigner. Mon premier réflexe était d’arrêter le traitement le temps que ça se cicatrise, mais j’ai découvert qu’on pouvait faire mieux que ça: mettre de la vaseline sur les zones où ça a saigné! Le produit bloque le Soluver. C’est un pharmacien qui m’avait donné ce truc, me recommandant d’en mettre autour de la verrue avant de traiter, mais la vaseline empêchait le pansement de bien coller.
Après plusieurs jours de ce traitement, il ne restait plus qu’un cratère sous mon pied, plus de relief. J’ai laissé ça se cicatriser et là, enfin, oui enfin, ma plante de pied était lisse, plus de verrue!
J’espère ne plus jamais avoir à refaire ça! J’espère aussi que certains liront ce texte et auront des idées pour améliorer ce traitement-là, le rendant plus fiable, moins risqué. Mais idéalement, il faudrait trouver un moyen de rendre la surface de la peau inhabitable pour la verrue à traiter… et pour toute autre… Pourquoi pas? Ne pourrait-on pas apprendre, d’une façon ou d’une autre, au corps à lui-même se débarrasser de la chose?