Îlesoniq: un bain de foule électrisant

Samedi, 6 août 2016, je suis allé pour la première fois au festival Îlesoniq, l’un des événements de musique électronique les plus importants à Montréal pendant l’été. Contrairement au Piknik Électronik, qui a lieu tous les dimanches durant l’été, Îlesoniq se produit uniquement deux jours par année. Il en résulte une foule monstre rendant la navigation difficile, voire dangereuse pour moi. Mais il me fallait en faire l’expérience, ça me titillait.

Entrée sur le site: déjà difficile

J’ai acheté mon billet sur Internet une semaine avant l’événement. Ce que j’ai obtenu en échange, ça a été un courriel de confirmation avec recommandation d’aller chercher mon billet au Centre Bell pendant la semaine, avant l’événement. Faire ainsi m’aurait obligé à partir du bureau durant la journée et chercher à plus finir pour trouver le centre Bell, puis la billetterie. Je me suis dit que ça allait poser autant de problèmes que récupérer mon billet sur le site. Ainsi, rien ne se passa avant le 6 août 2016. En fait, l’événement a commencé le 5 août, mais le vendredi, je travaille si bien que je ne suis pas allé au festival ce jour-là.

Arrivé à la station Berri-UQÀM, je constatai avec appréhension qu’il y avait déjà pas mal de monde dans le métro. Ça va être terrible, pensai-je, prépare-toi au pire. Le métro sur la ligne jaune était bondé. Mais j’ai pu me rendre à la station Jean-Drapeau, permettant d’accéder au parc où avait lieu l’événement. Rendu là, je suis descendu et j’ai tenté de retrouver la sortie que j’avais empruntée pour aller au Piknik Électronik et aux Week-ends du Monde. Selon mon analyse du plan du site de l’événement, c’était là qu’il me fallait sortir pour atteindre la tente Will Call où je pourrais récupérer mon billet. Mais il y avait tellement de gens que j’avais du mal à déterminer où aller. Je suis sorti où je pouvais, mais je ne reconnaissais pas les lieux. J’étais au mauvais endroit. J’ai dû marcher un peu, contourner la station de métro et j’ai fini par arriver à l’autre sortie, où il y avait l’entrée pour l’Îlesoniq.

Puis un moment donné, on m’a guidé jusqu’à la tente où j’ai pu avoir mon billet. C’est un agent de la sécurité qui m’a mené jusque-là et avoir le billet s’est bien passé. Après ça, on m’a mené à la file d’attente. Comme je possédais un téléphone Fido, je pouvais prendre la file branchée plutôt que celle régulière.

Tandis que j’attendais en file, je remarquai sur mon billet qu’il était écrit que les vidéos et caméras étaient interdits. Ah mon Dieu! J’avais amené ma GoPro, pensant me capter des films mémorables rivalisant avec ceux de l’Igloofest. Est-ce qu’ils vont me laisser la garder, me faisant confiance pour ne pas l’utiliser, ou vouloir me la confisquer au moment de la fouille? Ça m’aurait fait cher un peu, comme sortie, non? Vont-ils m’offrir de me la retourner par la poste, l’entreposer quelque part pour que je la récupère à la sortie du site ou je vais la perdre, tout simplement, comme mes ciseaux lors de mon premier passage à la sécurité à l’aéroport, quand je suis parti pour Orlando en 2005? Peut-être vaudrait-il mieux repartir là pour le métro, appeler mon frère et voir si je ne pourrais pas faire un détour par Longueuil question d’aller lui porter la caméra; il pourrait me la rendre plus tard. Ce serait moins long que retourner chez moi pour l’y laisser, mais long quand même.

Mais la file n’avançait pas du tout. C’était super long. Un moment donné, quelqu’un de l’événement m’a interpellé, m’a demandé si j’étais accompagné et comme je ne l’étais pas, m’a fait passer devant tout le monde. Ça a été un peu pénible de réussir à passer, mais on a fini par l’avoir.

J’ai abouti au point où il fallait montrer mon billet, qui a été scanné avec succès par une machine, ce qui m’a permis de passer à l’étape suivante. La fouille? On nous disait d’ouvrir nos sacs. Mais j’ai appris que j’étais passé par-dessus cette étape, car on m’avait fait passer devant tout le monde. Cool! Ma caméra était sauvée. Je la laissai dans mon sac, ainsi que mon enregistreur H2N, évitant tout risque de me les faire confisquer, voire être expulsé du site à cause de ça. En effet, s’ils interdisaient les vidéos, pas sûr qu’ils aimeraient que j’enregistre du son avec un micro comme celui du H2N, bien que l’enregistrement est trop bruité pour pouvoir faire quoi que ce soit de professionnel avec. Avec tous les bruits de gens qui parlent, le vent, etc., ça ne pas pas donner de quoi d’utilisable pour s’intégrer à de la musique électronique. Ça aurait juste été de beaux souvenirs.

La scène Budlight

L’allée centrale où j’aboutis après avoir franchi l’entrée du site était bondée. Il y avait là un accès à ce que je croyais être la scène principale. Mais avant d’aller là, me dis-je, je devais remplir ma bouteille d’eau. Je pouvais chercher longtemps pour trouver une fontaine d’eau, à moins d’utiliser mes connaissances passées du parc Jean-Drapeau. La seule fontaine d’eau que je connaissais se trouvait dans la zone où a habituellement lieu le Piknik Électronik. Elle faisait justement partie du périmètre clôturé alloué à Îlesoniq. Je traversai donc l’allée centrale pour y aller.

Là-bas, c’était relativement calme, pas de musique. Il y avait des camions que je n’arrivais pas à identifier. Soit je n’arrivais même pas à déchiffrer ce qui était écrit dessus, soit ça n’avait strictement aucun sens pour moi. Je passai mon chemin, me dirigeant vers mon objectif initial, et la trouvai, la fontaine d’eau. Je pus ainsi remplir ma bouteille.

De là, j’entendais de la musique provenant des bois. Il y avait une scène là, possiblement moins peuplée que la scène principale. Ce serait un bon endroit pour commencer mon périple musical. J’y allai donc. Ce que je trouvai là fut sidérant. Il y avait là une grande structure temporaire, une espèce de cabane avec un mur ouvert. Des haut-parleurs jouaient de la musique un peu trance et dans la cabane, il y avait un paquet de projecteurs et un gros écran affichant des images psychédéliques. Régulièrement, on voyait s’afficher Jason Ross sur l’écran, puis d’autres images, d’autres flashes à cause des projecteurs. C’était trippant.

Puis un moment donné, on s’est tous fait arroser. C’était moins cool, ça. J’ai bien cru que mon téléphone, dans ma poche, allait y passer, mais tel ne fut pas le cas. J’ai passé près d’une heure près de cette scène-là, nommée Budlight. Un moment donné, on nous a arrosés encore. Il y avait carrément quelqu’un avec un tuyau d’arrosage qui shootait de l’eau au-dessus de la foule! Je l’ai remarqué juste la seconde fois. C’était une tentative de nous rafraîchir parce qu’il faisait chaud, peut-être pour réduire les risques que des danseurs trop zélés, parce qu’on pouvait danser un peu, se claquent un coup de chaleur. Je ne fus pas trop à risque pour ça, car j’avais ma bouteille d’eau et ne pus pas danser tant que ça, trop de gens.

La scène Neon dans les bois

Pendant ma progression vers la scène Budlight, j’ai cru apercevoir des tentes où il y avait probablement de la bouffe et de la bière. En fait, rendu en avant de la scène, quelqu’un m’a offert de m’aider si je voulais aller me chercher de quoi, mais je n’avais pas besoin à ce moment-là. Après quelques temps, j’ai voulu aller voir si je ne pourrais pas me trouver une bière. J’ai trouvé un snack bar, un truc de mets asiatiques, puis oui, une tente à bière. Je m’en suis acheté un verre en fût.

Rendu là, j’entendais d’autre musique venant de plus loin, de plus profond dans les bois. J’y allai et trouvai une seconde scène. C’était la scène Neon. La structure ressemblait pas mal à celle de la scène Budlight, mais la musique qui en émanait était toute autre, plus chillout. J’ai bien aimé cette scène-là, car elle se trouvait dans la forêt. Mais j’aimais mieux la musique de la scène Budlight. Je suis resté un peu, mais il m’a fallu repartir pour aller aux toilettes.

La scène Fido Oasis, la plus grande des trois

Après être allé aux toilettes, je suis retourné vers la zone Piknik pour éventuellement revenir à l’allée centrale où je croyais avoir vu des tentes avec de quoi manger. Si je me fiais à la disposition des lieux aux Week-ends du Monde, ce serait là. En fait, ce n’est pas exact de nommer ce lieu la zone Piknik, car il n’y avait pas de Piknik Électronik ce jour-là. Mais toujours est-il que c’est là que je passai et voulus aller voir plus loin, là où se trouve la scène Vidéotron lors des Piknik Électronik; peut-être y aurait-il là une autre scène. Je n’en trouvai pas. Je pus marcher un bout dans le bois et arrivai à ce que je crus être une sortie secondaire. Je n’osai pas aller plus loin, de peur de franchir un sens unique et ne pas pouvoir rentrer.

Je rebroussai alors chemin et aperçus un panneau: scène Fido Oasis. Je marchai un peu et pus tourner à ma droite pour aboutir dans une vaste place de gravier. Il y avait une pente permettant d’atteindre une plate-forme où des gens dansaient.

Il y avait sur cette plateforme des jets d’eau servant à rafraîchir les gens. Il me fallut quelques secondes pour découvrir avec consternation que ces jets sortaient carrément du sol! Si je ne m’en étais pas rendu compte à temps, j’aurais marché sur un des trous de sortie d’eau ou me serais retrouvé avec un trou entre les jambes. Dans tous les cas, je me serais fait asperger copieusement. Soulagé d’avoir évité ce piège dans lequel peut-être moi seul pouvais tomber par manque de vision, je m’éloignai des jets et finis par découvrir une autre pente me ramenant sur le sol de gravier. Il y avait aussi là des champignons géants décoratifs.

Si je me souviens bien, c’est peu après que j’ai aperçu les tentes de l’allée centrale. Ah ok, j’étais sur la scène principale, là! Il y avait beaucoup d’espace mais aussi beaucoup de gens. Circuler était difficile, limite hasardeux. À tout bout de champ, je me faisais foncer dedans par des gens marchant dans d’autres directions. Je faillis me faire piler sur ma canne plusieurs fois. Il me semblait possible, voire probable, de me la faire casser. J’ai fini par trouver un endroit où m’asseoir dans l’herbe pour me reposer un peu, après avoir été debout depuis mon arrivée.

La musique n’était pas si bonne que ça, essentiellement du pop avec un peu d’effets dessus. Parfois, la musique s’arrêtait et l’animateur demandait aux gens de chanter, puis la musique repartait.

Après ça, je suis retourné à l’allée centrale pour manger. J’y ai trouvé une tente où ils vendaient des pointes de pizza. Tandis que je mangeais, quelqu’un m’a parlé un peu et appris qu’à l’endroit que j’appelais pour mes repères personnels la zone Piknik se trouvaient des camions de rue. L’avoir su avant, je serais allé voir et aurais examiné plus, il y aurait peut-être eu de quoi de bon à manger là-bas.

Frustrante et décourageante exploration

Après avoir soupé, j’ai voulu me racheter une bière, mais je ne pouvais pas retrouver la tente que j’avais vue sur la scène principale. J’ai fini par trouver une tente dans la zone des camions de rue, mais ça a été long, et j’ai eu du mal à revenir après parce que les gens bloquaient désormais le passage. Ça passait deux secondes avant! En plus, là ils ne vendaient que des cannettes et ne récupéraient pas les verres réutilisables consignés. Il allait falloir trouver une autre tente pour me débarrasser de mon verre, et cela, avant la fin de l’événement, car rendu là, il ne resterait peut-être plus d’endroit où le ramener. J’avais vécu cette expérience-là au Piknik Électronik trois mois plus tôt.

Tandis que je cherchais les tentes pour manger, j’ai trouvé un chemin qui semblait ramener dans les bois, peut-être vers d’autres scènes. Dommage que je n’aie pas pris le temps, après le souper, de réviser et compléter mon plan mental des lieux en utilisant mon téléphone pour accéder au site web de l’événement. J’aurais découvert que j’avais déjà visité les trois scènes qu’il y avait à voir et n’avais plus qu’à en choisir une et m’y rendre par le chemin que je connaissais déjà.

Sans ces informations, je décidai de tenter ma chance et l’explorer. Mais je me suis vite retrouvé pris dans une mare de gens. J’avais du mal à savoir où aller. Quelqu’un m’a offert de m’aider, mais ça ne donnait pas grand-chose. Je ne faisais pas un pas que quelqu’un me fonçait dedans. C’était rendu que la personne qui essayait de m’aider agitait le bras devant nous pour alerter les gens qu’on passait. C’est un peu découragé que je constatai que ce chemin-là ne put que me ramener là où j’étais déjà allé: la scène Budlight. Plus l’heure avançait, plus ça devenait difficile de circuler.

La personne qui m’a aidé m’a demandé si j’étais venu seul et pourquoi. Ça semblait quasiment anormal d’avoir fait ainsi! Mais personne que je connais n’avait envie d’aller à ce festival-là, pour diverses raisons: trop cher, trop de monde, travaille la fin de semaine, contraintes familiales, etc. Se peut-il que personne n’ait envie d’y aller avec moi, parce que je suis un boulet? Je me le suis demandé, ce soir-là.

Ma bière finie, je suis venu à bout de trouver un endroit où jeter ma cannette. La tente à bière du début, je l’ai retrouvée et j’ai pu rendre mon verre consigné, récupérant 1$. Le verre n’avait rien d’intéressant comme souvenir, en simple plastique.

C’est là que la fatigue m’a pris. Tanné de me faire bousculer, j’avais juste envie de partir de là, mais je n’avais plus la force de le faire; c’était juste trop. Je suis allé m’asseoir dans l’herbe, là où ça semblait moins achalandé, et suis resté là un certain temps, entre les scènes Neon et Budlight.

La sortie du puits

Que fait-on quand on est coincé au fond d’un puits? On peut toujours crier à l’aide dans l’espoir qu’un jour, quelqu’un entende et vienne. Mais quand on a une corde, on peut essayer de faire de quoi. Eh bien, la corde, je l’avais, ce soir-là. Ma connaissance des lieux acquise le jour même, pendant les Week-ends du Monde et au Piknik Électronik pouvait me sortir de ce mauvais pas et même me permettre, en chemin, d’avoir du plaisir.

D’abord, retrouver mon énergie me semblait une nécessité. Il y avait là deux scène qui diffusaient de la musique pas pire, capable de m’y aider, si je ne me faisais pas trop bousculer tandis que j’essayais de me remettre sur pied. La scène Neon, il y a moins de gens, là, on dirait. J’y allai donc.

Il y avait plus de spots et de lumières sur la scène, rendu là, peut-être parce que le jour baissait tranquillement. La musique était plus de style disco, à présent. J’ai dansé un peu et j’ai senti, progressivement, mes forces revenir. Oui, ça pouvait encore être cool, ce festival-là!

Quelques temps plus tard, j’ai commencé à avoir besoin de refaire le plein d’eau. Mon meilleur espoir me semblait de retourner à la fontaine d’eau, ce que j’ai pu faire en passant devant la scène Budlight. Oh, la musique a l’air plus trance ici, cool, je décidai de retourner là après mon retour de la fontaine. J’ai constaté que le chemin longeant le fleuve était pas mal moins fréquenté que celui par lequel j’étais arrivé. Ça allait me servir, me permettre de retourner à la scène principale quand je serais presque prêt à repartir de là.

De retour avec l’eau, sur la scène Budlight, j’ai dansé un peu sur la musique de Cosmic Gate et de Gouryella. Il y avait tellement de bouteilles vides par terre que c’en était drôle. Plusieurs personnes ignoraient l’existence de la fontaine d’eau et s’achetaient des bouteilles, les buvaient et les jetaient par terre! Voyons donc! Au moins, on peut remplir la bouteille vide à la fontaine au lieu d’en racheter une autre! Mais la fontaine était connue de certains, car il m’a fallu faire la file pour remplir ma bouteille. Je suis bien conscient qu’ils auraient pu être méchants et couper l’eau dans la fontaine pour qu’on soit tous obligés d’acheter des bouteilles d’eau!

Mais rendu vers 21h30, il me fallut envisager retourner vers la scène principale pour pouvoir ressortir plus facilement. C’est ça que j’ai fait. Le chemin que j’ai pensé prendre pour y aller était plutôt sombre, mais il y avait quelques lampes qui éclairaient la voie. J’ai pu atteindre la scène principale et même retrouver la tente à bière. Mon niveau de confiance quant à la capacité à retrouver la tente relativement haut, j’ai pu prendre un verre, un deuxième verre, et ramener le verre vide pour récupérer le 1$ rendu à la fin.

Vers 22h40, j’ai décidé de me diriger vers la sortie pour éviter un affreux trafic de gens qui allaient tous sortir en même temps, à 23h. Ce fut une sage décision, car déjà là, ce fut un peu difficile de sortir. Quelqu’un m’a aidé à atteindre le métro, mais rendu là, c’était bondé, difficile d’atteindre les tourniquets. Mais ça a pu se faire et j’ai pu me rendre au quai, à Berri-UQÀM puis sur la ligne verte.

Conclusion

Est-ce que ça valait la peine? Plus ou moins. Pas certain d’avoir envie de retourner là l’été prochain. En tout cas, si je le fais, je ne ferai pas les choses de la même façon. Si je dois y retourner seul, j’envisage acheter un billet VIP qui me donnerait accès à la terrasse où, probablement, il y aura moins de gens et quand même une vue sur la scène principale et accès à de la nourriture.

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