Douteuse machination

  • Hé mon cœur, commença François à l’adresse d’Anna, sa conjointe. Lis ça! » C’était un message de leur ami commun Jonathan avec qui François avait organisé une petite sortie le lendemain, pour aller voir les tams tams du Mont-Royal. Anna, ce dimanche, travaillait et ne pourrait y être.
  • « Mon seul regret », lut-elle à voix haute, « c’est de ne pas voir (et toucher) Anna en fin de semaine. »
  • Ça s’en vient, on va finir par l’avoir, se réjouit François.
  • Ça a été long, lui reprochera Anna. J’connais du monde qui l’aurait fait pas mal avant.
  • Mais ma chérie, argumenta François, yest riche, super riche, millionnaire. Les autres qu’on connaît sont pauvres. Pis yest mou, y s’laisse faire tout l’temps, on va finir par l’avoir, crois-moi.
  • Oui mais si l’enfant vient d’nous, Jonathan aura rien à payer, souleva Anna.
  • Jonathan y verra pas, lui rappela François, empli d’une confiance et d’une fierté démesurées, que l’enfant me ressemble. On va le lui faire prendre un peu de temps en temps, ya juste besoin d’le prendre sur ses genoux une fois ou deux par mois, pis y va être correct. Pis y va payer pis payer pis payer.
  • Pis, lui rappela Anna, si jamais y vient de lui? S’il lui ressemble? J’veux un bébé de toi, pas d’un autre homme.
  • Ben non, ça arrivera pas, assura François. Jonathan a jamais fait l’amour, jamais jamais, yest probablement rendu stérile. Moi si j’fourre pas une fois par semaine, j’ai mal aux couilles. Lui ya passé des mois comme ça, ses couilles ont probablement toutes pétées ou y marchent déjà pas à la base. J’ai juste à t’fourrer avant ou après que Jonathan soit passé, pis on va être
    tranquilles.
  • Mouiii, j’t’aime! T’es l’meilleur! Mais as-tu pensé que d’autres personnes pourraient ouvrir les yeux à Jonathan.
  • Jonathan est seul, lui rappela François. Ses parents sont morts l’année passée, son frère est parti en Australie et sa sœur veut pus lui parler. Yest seul, personne pour le raisonner, on va pouvoir faire c’qu’on veut avec.
  • Yeah! Aye penses-tu qu’on pourrait réussir à c’qu’il nous achète une maison? demanda soudain Anna.
  • Je sais pas, avoua François. Déjà qu’il paie pour nourrir et éduquer notre enfant, ça va être super, pis l’important, c’est d’le plumer un peu.
  • Mais pourquoi tu veux tant qu’ça le faire payer? demanda Anna.
  • Parce qu’ya essayé d’te voler! rappela François. T’as failli partir avec lui, l’année passée, quand on s’est disputés pis j’avais été trop brusque avec toi. Lui en a profité pis a failli réussir à t’avoir.
  • Oui c’est vrai, rappela Anna. Mais ya été très gentil avec moi, ajouta-t-elle. Je savais plus quoi faire ni où aller. Sans lui j’aurais appelé la police et tu aurais eu beaucoup d’ennuis. Pis en plus yen a même pas profité tant que ça. On s’est collé un peu pis ça a été tout.
  • C’est parce qu’yest trop con, supposa François. Une chance, sinon ça s’peut qu’y t’aurait eue. Moi j’suis capable de faire l’amour, pas lui. Lui c’est en train de devenir une machine, moi j’ai un vrai cœur qui t’aime.
  • Ah que t’es gentil!

Sur ce, les deux tourtereaux s’embrassèrent intensément et s’endormirent, rêvant de cet enfant à venir.

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