Attention! Ce n’est pas une histoire vraie. Mais peut-être un jour, ça en sera une…
Un sage qui a perdu la tête et qui la cherche, à tâtons, au sol.
Ce soir-là, mon frère et moi avons eu bien du plaisir lors de ce jam que je considérais mémorable. La nouvelle version de Ableton Live 12 combinée à quelques astucieuses configurations a permis de démarrer des boucles comme un DJ. Le Push 3 de Ableton, qui a eu un méchant overhaul avec la mise à jour de Live 12 dessus en fin mars, demeurait toujours un atout pour construire de telles boucles, mais le générateur de rythmes et de mélodies de Live 12 était bien utile et ne nécessitait pas le Push pour fonctionner. Par contre, on a bu pas mal cette fois-là. La sagesse me dictait de rester à coucher, parce que la fatigue commençait à pogner solide, mais je ne pus m’y résoudre. J’espérais le lendemain matin faire mon lavage et mon vélo stationnaire, pour ensuite essayer de quoi de super prometteur dans Mechanical Mastery Plus, un modpack de Minecraft, en après-midi. Si mon idée que j’ai eue pendant le jam fonctionne, on va pouvoir tripler l’efficacité de ma base d’opération avec un minimum d’efforts et ça pourrait être si puissant comme automatisation que ça vaudrait la peine de recommencer à produire de vidéos pour la présenter.
Mon frère était aux toilettes tandis que j’enfilais mes espadrilles et mon manteau. J’avais sorti ma canne blanche et ma bouteille d’eau de mon sac à dos, ma carte OPUS était dans ma poche, prête. La chose faite, j’ai regardé l’heure et fait le saut! J’avais trop lambiné si bien qu’l restait moins de cinq minutes pour pogner le dernier autobus. Si je manquais mon coup, fallait que je dorme chez mon frère ou que j’entreprenne la marche jusqu’au métro. Non, me dis-je, on va courir un peu et l’avoir.
Alors j’ai franchi la porte, l’ai retenue de justesse parce que j’ai failli la faire claquer solide, ben fort! Ça aurait pu réveiller les enfants! Soulagé d’avoir évité ce désagrément à mon frère et sa famille, je suis parti à la course. Je me sentis comme un cheval au grand galop, comme un train dans un tunnel, comme un maglev à grande vitesse, comme un avion au décollage, comme un vaisseau spatial sur le point de franchir la barrière supraluminique, et là, oui là, j’arrivai devant l’autobus, de justesse. À bout de souffle, je montai dedans, présentai ma carte et m’effondrai sur un banc, tentant de reprendre mon souffle. J’avais trop couru de sorte que je me sentais mal un peu. Je pris plusieurs gorgées d’eau, espérant que j’allais tenir le coup. Je parvins à me remettre d’aplomb, mais cela prit tout le trajet vers le métro et j’en vidai ma bouteille d’eau, toute bue. Bon, va falloir faire sans. Je souris à l’idée que quelqu’un qui m’a vu boire ça pourrait avoir pensé qu’il y avait autre chose que de l’eau là-dedans, genre gin, rhum. Ouf, oh là là! Ça n’aurait pas été fort fort de boire ça vite de même!
Comme si ça allait de soit que je n’aie pas de sac à dos où remettre ma bouteille vide, je descendis de l’autobus, m’en allai dans le métro, descendis à la station proche de chez moi et désengageai enfin le pilote automatique qui m’a permis, malgré mon état pas optimal pour un déplacement, de me rendre à bon port. J’étais bien content de mon coup. Superbe soirée et je rentrais chez moi, j’allais pouvoir faire ma petite expérience dans Minecraft le lendemain et peut-être mon frère m’enverrait l’enregistrement du jam que je pourrais écouter pendant ma session de jeu.
C’est là et seulement là qu’une tonne de briques me tomba dessus: il est OÙ mon sac à dos??? Oui oui, j’avais égaré tout mon sac, au complet! Il y avait là plusieurs milliers de dollars de stock incluant mon laptop, mon Seaboard Block (j’ai essayé de trouver le sommeil en vain en me répétant qu’au moins je n’avais pas amené mon RISE 2 ou mon Push 3, qui n’entrent pas dans mon sac anyway), ma caméra Q2N et quelques câbles. J’ai essayé d’envoyer un texto à mon frère dans l’espoir qu’il me réponde avant le lendemain que mon sac avait été oublié chez lui. Ben non, rien, pas de réponse. J’ai tenté de contacter la STM pour savoir quoi faire pour ça, mais je me heurtai à une boîte vocale. Il allait me falloir attendre le lendemain! Et en plus de ça, je ne retrouvais même plus ma bouteille vide!
Alors j’ai passé la nuit à stresser, me demandant si j’allais pouvoir récupérer tout ce stock, où j’avais laissé ce sac et surtout POURQUOI je ne m’étais rendu compte de rien avant d’être rendu chez moi. Je ne comprenais pas comment j’ai pu être aussi distrait! Jusqu’à ce jour, je n’aurais pas cru pareille distraction possible. On aurait bien dit que le travail ou d’autres sources de stress accessoires avaient sérieusement entamé mes capacités cognitives et qu’il allait me falloir entreprendre une thérapie pour réparer tout ça.
Dès que le service à la clientèle de la STM ouvrit, j’ai appelé pour rapporter mon épineux problème. On me certifia que si le sac était retrouvé, il serait entreposé aux objets perdus, mais l’endroit exact allait dépendre d’à quelle station de métro ou dans quel autobus il avait été laissé. Il y avait aussi haute probabilité que mon sac ait été pris par quelqu’un, dans un tel cas les chances de le récupérer dépendraient de sa bonne volonté! Ah mon DIEU! J’ai ainsi dû appeler à plusieurs endroits pour retracer mon sac, et ce fut toujours en vain, et toujours pas de réponse de mon frère!
J’ai passé l’avant-midi à faire des appels pour ça, à chercher en vain ma bouteille et à stresser. Rendu en après-midi, j’étais tellement fatigué, à cause de ça et de ma mauvaise nuit, que je n’ai pas pu toucher à mon jeu. C’est seulement en fin de journée que mon frère m’a écrit par email, m’envoyant l’enregistrement du jam, et ajoutant qu’il allait passer le lendemain avec ses enfants. Il me ramènerait mon sac à dos et les enfants pourraient s’amuser avec mon chat un peu. Ah là là!
Je découvris ensuite que mon téléphone était bogué, plus connecté à mon fournisseur de service. J’étais hors de moi, craignant qu’il faille encore faire appel au soutien technique, encore un autre téléphone, encore d’autres manipulations sans fin à faire presque au hasard, peut-être me déplacer en magasin pour faire changer la carte SIM, beurk. Avant de faire ainsi, j’ai redémarré l’appareil, qui s’est sagement reconnecté à mon fournisseur de service, et là, j’ai eu un texto de mon frère, qui me disait de ne pas m’inquiéter à propos de mon sac, oublié sur le pas de la porte! 1h15 le texto, j’aurais pu éviter de passer une nuit de merde si mon téléphone ne m’avait pas fait faux bond. Vu l’énorme stress que tout ceci m’a causé, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et remplacer l’appareil qui se faisait vieux. Mais il allait falloir éviter pareille distraction dans le futur. Le mieux serait de ne plus consommer rien durant ces jams, mais je trouvais ça plate, triste.
Je retrouvai certes mon sac et son contenu, mais ma bouteille, je ne la revis jamais. J’étais presque soulagé, parce que j’étais en train de virer fou à imaginer que j’avais peut-être halluciné boire de l’eau dans l’autobus, la bouteille laissée dans mon sac chez mon frère! Ben non, pas à ce point-là, au moins. J’ai dû poser ma bouteille vide, plus nécessaire, quelque part, et l’ai laissée là. Tant pis, c’est la vie.
Ben non voyons! Une telle histoire de fou ne m’est pas arrivée pour vrai! J’estime qu’il faudrait beaucoup plus que de l’alcool et du cannabis pour me pousser à commettre un tel oubli. Le nombre de fois que j’ai à manipuler ce sac à dos lors du transport, le mettant sur mon dos, le posant sur mes cuisses ou par terre, le remettant sur mon dos, faudrait que je sois limite rendu fou pour l’oublier et ne pas m’en rendre compte avant d’être rendu chez moi! Mais j’ai pensé à ça un soir, trouvé ça bien comique et en ai fait cet invraisemblable récit!