Ce jam chez mon frère, vendredi 8 novembre 2024, avait été pas mal cool. Mon nouveau Seaboard BLOCK M de ROLI, que j’avais eu durant la semaine, a super bien fonctionné. Mon ancien BLOCK fonctionnait toujours, mais la surface était décollée en plusieurs endroits et on aurait dit que des touches fonctionnaient moins bien qu’avant. Le BLOCK M comporte un port USB C comme le BLOCK, et il y a aussi un mini port MIDI (avec adaptateur vers vrai port MIDI inclus). En avril 2025, en théorie, cet appareil sera complémenté par le nouveau Airwave de ROLI qui ajoutera les dimensions spatiales en plus de celles du toucher, pour encore plus de degrés de liberté. Le Airwave peut interagir avec n’importe quel clavier MIDI, donc va fonctionner avec mon BLOCK M mais aussi mon Rise 2! Cela promet d’être épique.
Je me suis aussi beaucoup amusé avec mon Ultranova de Novation, laissé là-bas puisqu’il ne servait plus chez moi, remplacé par le Peak du même fabricant. Le câble USB que j’ai amené m’a permis de le raccorder à mon laptop, mais c’est avec déception que j’ai constaté l’absence de périphériques MIDI d’entrée et de sortie dans Ableton Live. Je me suis demandé s’il ne faudrait pas installer un pilote, mais je ne voulais pas essayer de faire ça le soir même, préférant m’amuser à la place. Mais dimanche, 10 novembre 2024, j’ai vérifié et il y avait bien un pilote à télécharger. Je l’ai installé, et puis regretté que mon Ultranova soit chez mon frère et non chez moi; j’aurais bien aimé tester si le pilote fait une différence, mais tant pis, ça devra attendre. « Tu dois apprendre la patience », a dit Yoda à Luke, ou bien quelque chose de semblable; ça s’applique à moi aussi.
Plusieurs se demanderont rendu là: « Mais pourquoi n’apportes-tu pas ton Rise 2 au lieu de t’entêter avec des appareils plus limités? » C’est que le transport du Rise 2 sera un rituel de tous les diables. Il n’entre pas dans mon sac à dos si bien que je devrai le porter dans un étui en bandoulière. Pour traverser les tourniquets dans le métro, cela ne passe pas à moins de soulever l’étui pour le faire passer par-dessus, et des fois il faut même le retirer de mon épaule, le tenir par la poignée puis, tourniquet passé, le remettre sur mon épaule. Pour m’asseoir dans le métro, l’autobus ou en attendant l’autobus, il faut enlever mon sac à dos et mon étui de Rise 2 dans le bon ordre sinon ça s’emmêle et c’est le foutoir. Il ne faut pas attendre à la dernière minute: au moment de descendre de l’autobus ou du métro, faut quasiment que je sois prêt avec mon sac à dos dans le dos et mon Rise 2 en bandoulière. Puis après le jam, il faut répéter tout ça dans l’autre sens. Je n’ai jamais tenté l’expérience avec mon Rise 2, mais je l’ai déjà fait avec mon Ultranova, et j’estime que ce sera semblable. Fort de tout cela, on se demande: est-ce que ça vaut vraiment la peine?
En tout cas, ce 8 novembre qui est devenu le 9 novembre pendant mon retour, j’étais bien content de ne pas avoir mon Rise 2 à trimballer! Me rendre au métro Longueuil en autobus s’est bien passé. Je suis arrivé à temps pour la 16 et ne me suis pas endormi pendant le trajet (possible en théorie, jamais arrivé pour moi). Et rendu au terminus, je n’ai pas eu de mal à déterminer où j’étais et la direction à prendre pour aller vers le métro. J’ai une nouvelle fois évité le piège des escaliers (il y aurait moyen en théorie de manquer une marche et me casser le nez, mais jamais pareil drame ne m’est arrivé).
Ensuite, il y a eu un petit bout facile et relaxe: métro vers Berri-UQÀM. Rendu à Berri, me rendre au quai de la ligne verte était un simple travail mécanique de robot. J’avais fait ça d’innombrables fois, aussi bien de retour de chez mon frère que du Piknic Électronique au Parc Jean-Drapeau. Sauf que là, le robot, il ne pourrait pas effectuer la suite.
J’étais sur le quai, de l’autre côté il y avait le train en direction Angrignon. En théorie, dans un moment de distraction monstre, j’aurais pu foncer comme un bolide, pensant que le train était de mon bord, puis prendre la plonge de tous les diables, tombant sur les rails. Comme c’est possible en théorie, il faut juste être plus vigilant à cet endroit pour que jamais pareil drame ne survienne, et même là, ça se pourrait bien que des gens me voient aller et m’empêchent de faire le saut de l’ange involontaire. La sécurité, ce n’est jamais absolu, mais plus il y a de mécanismes de défense, mieux c’est. On appelle cela la défense en profondeur.
Après quelques minutes d’attente, il y eut un signal sonore puis une annonce. Le service était interrompu sur la ligne verte pour une durée indéterminée en raison d’une intervention des ambulanciers. Ah non, fuck! J’avais deux choix: attendre et espérer que ça reparte ou bien essayer d’attraper la 125 sur Ontario qui passait dans une dizaine de minutes. Craignant attendre sans fin, j’ai pris pour la 125.
J’ai perdu de précieuses secondes, voire plus d’une minute, à trouver la sortie optimale. Je me suis rendu à l’aire centrale où il y a la rondelle. De là, on peut sortir vers Sainte-Catherine, Saint-Denis et deux autres endroits. Je me suis dit que si je m’en allais dans la direction opposée à Sainte-Catherine, je m’approcherais de mon but. Saint-Denis, c’était trop loin pour rien, fallait sortir sur Berri. Quelqu’un me demanda si je cherchais quelque chose, je lui dis que je cherchais la 125 sur Ontario, la personne ne savait pas c’était où, demanda à un autre qui ne savait pas, puis au lieu d’attendre sans fin j’ai poursuivi vers où je pensais. Cela aboutissait à un mur. Ça ne permettait pas de sortir dehors.
J’ai fini par trouver une sortie menant vers la rue Berri. Mais je ne pouvais pas savoir dans quelle direction aller pour aboutir à Ontario. J’ai marché un peu, vérifié sur Google Maps, m’en allais vers Sainte-Catherine, changé de direction, tenté d’avancer, le trottoir était trop étroit, bloqué par des travaux, ce qui limitait ma vitesse. Ne pouvant faire mieux, je me suis dirigé vers la piste cyclable sur laquelle j’ai couru.
Chaque tentative de course est un risque, surtout quand il fait noir en plus. Je peux percuter de plein fouet un poteau, un arbre, foncer dans quelqu’un et le faire tomber au sol et tomber avec, m’enfarger dans une poussette et faire valser la poussette et le bébé qu’il y a dedans. Et que dire d’un violent face à face avec un cycliste roulant à pleine vitesse en sens inverse? BANG! Direct à l’hôpital pour un bon bout! Depuis la pandémie, je me suis rendu compte que la meilleure façon que je peux aider le système de santé, c’est de réussir à ne pas me blesser! C’est mieux pour moi aussi! Mais là, tard le soir, en novembre, j’avais des chances d’éviter bon nombre de pareilles collisions. J’ai pu courir un petit bout sans être inquiété, jusqu’à ce que quelqu’un me dise que j’étais sur la piste cyclable et le trottoir était à ma gauche. C’était plus dégagé rendu là.
J’ai marché vite, couru mais pas trop, craignant une collision, ou juste une irrégularité dans le trottoir qui, en courant, pouvait me valoir une horrible entorse qui me pourrirait la vie les semaines qui suivraient et me forcerait même à retourner vivre chez mes parents. Une entorse quand on vit au troisième étage d’un building pas d’ascenseur, c’est pas mal deal breaker pour rester chez soi.
Le pire, c’est que tous ces efforts furent vains! Oui oui! Quand je suis finalement arrivé à Ontario/Berri, il était trop tard pour la 125. Prochain passage? 5h30! J’allais devoir y passer la nuit! Ben non, voyons, au pire je vais marcher sur Ontario, ça va être long longtemps (C’est long, c’est l’Ontario, comme dans la chanson de Mononcl’ Serge), je vais avoir la langue à terre, mais je vais finir par aboutir chez moi!
Avant de me résoudre à faire ainsi, trouvant qu’il faisait froid un peu, j’ai cherché sur Google Maps et chaque recherche m’a juste mêlé et fait frustrer encore plus. Ok va falloir complètement changer d’endroit pour aller chercher la 355 et le temps de trouver, elle sera passée. Selon Google Maps, je pouvais me rendre à l’arrêt de la 355 en prenant la 361 sud. J’ai donc attendu la 361, qui n’est jamais passée. Selon l’application Transit, la 361 arrivait dans 0 minute, et rien.
J’ai songé rebrousser chemin, retournant à Berri. J’ai même vérifié sur STM.INFO si le service était rétabli sur la ligne verte: pas de chance. J’ai envisagé la possibilité de repartir vers Longueuil, mais il n’y avait aucune garantie que de là, je puisse reprendre la 16 ou la 71 pour retourner chez mon frère et y dormir. J’allais devoir marcher, une bonne demi-heure. Ça me semblait presque aussi long et emmerdant de retourner comme ça chez mon frère qu’entreprendre l’interminable marche sur Ontario vers chez moi! Hors de question d’appeler qui que ce soit en pleine nuit pour qu,on vienne me chercher, ai-je pensé.
Quelqu’un a essayé de m’aider, et ne pouvait lui non plus pas trouver d’indication sur quel autobus passait où j’étais. Il regarda sur son téléphone, et à présent il fallait prendre la 361 nord pour aboutir sur Saint-Denis/Rachel et puis là prendre la 29. Ah là là! Ça ne va donc jamais finir! En plus, la rue Ontario semblait bloquée à la hauteur de Berri si bien que la 125 ne serait peut-être jamais passée. Pourtant, sur Transit et Google Maps, la 125 passait là!
La personne qui m’a aidé m’a amené à l’arrêt: il a fallu traverser Berri pour atteindre l’arrêt. Cela prit un bon bout de temps, mais enfin, l’autobus passa! Fiou!
Le trajet jusqu’à Saint-Denis/Rachel me sembla interminable. À plusieurs reprises, l’autobus fut ralenti par des feux de circulation. Je commençais à stresser parce que si jamais je manquais la 29, je m’étais éloigné de mon but et ça pouvait prendre une heure avant le prochain passage, voire le lendemain matin ça aussi!
Rendu sur Saint-Denis/Rachel, il m’a fallu traverser Saint-Denis, puis ensuite la lumière pour Rachel était rouge, mais l’autobus était là. Au moment où je me suis décidé de foncer, il n’y avait pas de voiture, quelqu’un m’a dit que je pouvais y aller. C’était ma dernière chance si je ne voulais pas manquer l’autobus. C’est avec grand soulagement que j’ai pu m’asseoir après que ma carte OPUS ait passé. Fiou! Après, fallait juste être attentif de descendre à l’arrêt Ontario/de Chambly, sinon je me serais imposé un frustrant et inutile détour supplémentaire!
Il était rendu 1h30 quand je suis enfin arrivé chez moi, soulagé.
Comment faire mieux? La solution du gazou!
Au lieu de me taper tout cela, ai-je pensé après coup, j’aurais pu rester dans la station Berri, sur le quai de la ligne verte, me mettre en zazen et là, sortir mon gazou. Après quelques temps, des gens m’auraient dit d’arrêter, puis éventuellement quelqu’un de la STM serait venu, me demandant lui aussi d’arrêter. « Le métro marche pus, aurais-je pu dire, d’une voix machinale. J’ai pas d’autre plan, pis pas l’énergie pour en établir un. Si t’as une idée, shoote, sinon j’vais continuer à faire du gazou. » Hé là là!
Un moment donné, j’aurais été obligé de sortir de la station, à la fermeture du métro. Pas de problème: j’aurais pu m’installer sur le trottoir et continuer à faire du gazou. Un moment donné, la police serait venue et j’aurais pu refaire la même chose. On aurait fini par me croire atteint de maladie mentale, et m’envoyer à l’hôpital. On aurait aussi pu me donner un constat d’infraction pour tapage nocturne et me faire payer une contravention pour rien.
Dans la salle d’attente, au chaud, j’aurais pu ressortir mon gazou, embêtant tout le monde jusqu’à ce qu’il se passe de quoi. Un moment donné, on aurait fini par me mettre en isolement dans une chambre où j’aurais passé la nuit… et tout le reste de la fin de semaine! Des fois, ils gardent les gens là 24 à 48 heures. Ok, non, pas cool.
Cette idée, bien que drôle, n’était pas très bonne. Ça aurait embêté plein de gens qui n’avaient rien à voir avec mon souci.